Un tournage représente un grand nombre de paramètres à maîtriser ; il faut essayer de lire dans un scénario tout ce que le tournage d'une scène demande comme organisation concrète, et de tout prévoir et anticiper. La réussite du tournage repose sur la qualité de la préparation.
Dans le cinéma, cette préparation est confiée à deux personnes : le premier assistant réalisateur, qui s'occupera de l'organisation concernant la partie artistique, et le régisseur général qui traitera les questions d'intendance.
a) Les documents préparatifs :
· Le dépouillement :
L'étude du scénario nous montre que chaque séquence constitue une cellule autonome qui peut être tournée indépendamment de ses voisines ; c'est pour cela qu'on leur donne un numéro. Le dépouillement consiste à analyser dans le détail chacune de ces séquences. La première étape de ce travail consiste à rédiger la continuité.
· La continuité :
Elle se présente sous forme d'un tableau qui permet de visualiser rapidement l'enchaînement des séquences. Elle fournit un outil efficace de référence tout au long de la préparation du film en donnant une information immédiate sur le numéro de la séquence, le décor concerné, la lumière, la présence des acteurs et un court résumé de l'action.
· Le formulaire de dépouillement :
Le formulaire de dépouillement est le fruit de l'analyse précise du scénario ; il recueille et classe les différents éléments que contient chaque séquence. Cela va permettre entre autre de regrouper dans une même période toutes les séquences qui se trouvent dans le même décor. Dans la rubrique image sont indiquées les particularités qui concernant le directeur de la photo : tournage à deux caméras, avec hélicoptère ou bateau, plans sous-marins…
Dans la rubrique son sont indiquées les particularités qui concernent la prise de son, et tout spécialement les sons off, et les ambiances.
La rubrique mise en scène mentionne si le tournage nécessite des moyens spéciaux : grue, plusieurs caméras, grosse figuration…
La rubrique production régie précisera par exemple s'il est nécessaire de prévoir des repas sur les lieux du tournage.
· Le classement du dépouillement :
A ce stade, le dépouillement se présente comme un tas de feuillets classés dans l'ordre du scénario. Il faut maintenant le classer par grands chapitres : tournages en intérieurs, tournage en extérieurs, tournage en studio, tournages en dehors de la ville…
À l'intérieur de chaque chapitre, on regroupe alors les séquences se passant dans le même décor ; décors que l'on classe par ordre d'importance.
· Les listes :
· Liste des décors :
Le dépouillement nous permet de retrouver facilement les décors (lieu global où se déroule une séquence) et sous-décors (endroits géographiques précis où sont tournés chacun des plans) utilisés dans le scénario. Ces listes de décors et sous-décors constituent l'outil de base de ceux qui feront les repérages.
Liste des rôles : établis d'après l'étude du dépouillement, ils sont classés par ordre d'importance.
· Liste de figuration :
Elle s'établit décor par décor en indiquant des chiffres précis, par types de figurants (hommes, femmes, enfants, gendarmes…).
Liste des accessoires : outil de l'accessoiriste, cette liste doit indiquer le nom de l'accessoire, le numéro des séquences et les décors où on le retrouve.
Liste des effets spéciaux : selon leur niveau de complexité, ils vont s'adresser soit à l'accessoiriste (coups de feu, blessures…), soit à des spécialistes (incendies, tempêtes, explosions…).
· Liste des véhicules :
Elle ne comprend que les véhicules qui jouent.
· Liste audio :
Elle précise notamment l'ensemble des musiques utilisées, et leur scènes correspondantes.
· Liste de matériel :
Elle sert notamment à référencer le matériel prêté à l'occasion du tournage.
· Le plan de travail :
C'est un grand tableau qui permet d'un seul coup d'œil d'entrevoir la totalité du tournage. Il contient : un calendrier des dates de tournage ; les numéros de jours de tournage ; les indications d'effets de lumière ; les tournages de nuit ou de mixte ; les numéros de séquence tournées chaque jour ; les décors ; les rôles, désignés chacun par leur numéro ; les rôles de complément ; les effets spéciaux ; les véhicules qui jouent ; les animaux ; les appareils spéciaux de prise de vue ; la machinerie supplémentaire ; les véhicules pour la prise de vue.
Quelques principes régissent le plan de travail : les séquences tournées dans le même décor doivent être regroupées ; ensuite on essaie le plus possible de suivre la chronologie du scénario ; dans un même décor, regrouper les scènes à grosse figuration ; éviter de faire venir un comédien pour un ou deux plans seulement ; garder une certaine souplesse en cas de problème météo ou d'absence de comédien.
· Le story-board :
Le story-board est généralement encore plus précis que le scénario. Il comporte chaque plan avec une image montrant la prise de vue utilisée, sa durée, son texte, les focales…
Les autres indications mentionnées autour des dessins de story-board sont :
- les numéros de plan et de séquence en haut à droite ;
- la durée du plan en haut à gauche ;
- les indications audio en bas à gauche ;
- les précisions de cadrage en bas à droite ;
- les autres informations (mise en scène, action, dialogues…) en dessous
- les transitions dans l'espace entre les cases.
D'autre part, si plusieurs cases correspondent à un même plan décomposé dans le story-board, on indique leur continuité par une ligne pointillée verticale le long de chaque case concernée.
À l'intérieur d'un dessin, on indique les mouvements et déplacements des sujets par des flèches en relief.
Lors d'un plan avec zoom ou dézoom, on peut dessiner le second cadre à l'intérieur du premier, pour redéfinir le nouveau cadrage.
Enfin, l'emplacement sous les cases peut aussi servir au traçage des petits plans (vue de dessus) de positionnement des éléments dans le décor.
b) Minutage du scénario et répétition libre :
Le minutage du scénario est une opération qui consiste à lire le scénario séquence par séquence, jouer les dialogues à haute voix, imaginer la durée des scènes un chronomètre à la main.
Le minutage, réalisé normalement par la scripte, donne deux indications principales : la durée totale du film, et le rythme du scénario d'après la durée de chaque séquence. Sachant qu'en moyenne on tourne deux minutes utiles par jour, on peut donc évaluer rapidement la durée du tournage d'après le minutage. Rappelons que le temps de tournage est la durée de tournage d'une séquence plus la durée de préparation du tournage de cette séquence.
Le minutage constitue donc une bonne occasion pour que les acteurs commencent à répéter leur rôle et leur texte, sans les contraintes de la mise en situation réelle du tournage.
c) Repérage des lieux :
Le premier assistant réalisateur charge le second assistant du repérage. Il s'aidera du dépouillement, du scénario et du story-board pour s'assurer de la présence ou non de tous les décors prévus pour le tournage. Pendant les repérages, il faut avoir sur soi son téléphone portable, un appareil photo, une boussole pour l'orientation du décor, et un cahier pour noter ses impressions sur chaque lieu visité, son adresse et le nom du propriétaire. On pourra ainsi repérer tous les décors manquants en prenant des photos des lieux dans tous les axes, en prenant soin à chaque fois de repérer le nord.
Il est important de bien connaître les lieux du tournage, et d'aller les visiter aux jours et aux heures prévus dans le plan de tournage, afin de s'assurer qu'il n'y a pas trop de nuisance sonore (marché, fête, chantier, trains...), et de prendre en compte le temps de trajet, les possibilités d'accès et de stationnement sur place pour les camions, la capacité électrique s'il y a besoin d'éclairage. Pour les intérieurs il est souhaitable de dessiner un plan en y indiquant les prises électriques, l'ameublement, les portes et fenêtres… Il ne faut pas non plus hésiter à demander des renseignements à la mairie ou au syndicat d'initiative le plus proche, quant aux fêtes et travaux de voirie et de construction à venir...
Un tournage demande effectivement parfois beaucoup de puissance électrique, surtout avec de l'éclairage artificiel. Dans une maison privée, il faut veiller à ne pas faire sauter les fusibles ; une astuce consiste à utiliser la prise de la cuisinière, qui utilise généralement un circuit différent.
Il faut aussi noter toutes les adresses et numéros de téléphone des propriétaires des lieux, qui pourront facilement être joints en cas de problème.
Une fois les décors choisis et retenus, Aller visiter tous les lieux utiles au tournage. Le directeur de la photographie établit la liste du matériel dont il va avoir besoin pour chaque décor (électricité, caméras, pellicule, machinerie…).
d) L'équipement de tournage :
· La trousse du caméscope :
- Le caméscope ;
- Plusieurs cassettes ;
- La sacoche ;
- Le bloc d'alimentation. Il a deux fonctions principales : source d'alimentation pour le caméscope, et chargeur de piles ;
- La télécommande ;
- Les piles (télécommande, lithium…) ;
- Les fils ;
- Le trépied ;
- Le grand angle ;
- La trousse de nettoyage à lentille : un objectif peut se salir facilement lors d'un tournage, et il est primordial de le garder parfaitement propre ; les moindres poussières sur un objectif tourné vers le soleil créent des halos sur l'image.
· La trousse d'enregistrement sonore :
- Les microphones ;
- La bonnette (mousse pare-vent) : elle coupe le vent mais aussi les « pops » des consonnes agressives produits par les P, T, S et K lorsqu'on parle près du micro ;
- La perche ;
- Les casques audio ;
- Les fils, rallonges et adaptateurs.
· La trousse d'éclairage :
- Les lampes ;
- Les pieds de lampes ;
- Les gélatines (filtres de couleur) ;
- Les volets : ils servent à diriger le faisceau de lumière du spot auquel ils sont fixés ;
- Le panneau réflecteur : il permet de refléter la lumière dominante sur un sujet partiellement sombre ;
- Les fils, rallonges, et des épingles à linge.
· La trousse de mise en scène :
- Un moniteur, le plus petit possible. Les moniteurs monochrome donnent des images plus nettes et plus propices à la mise au point, mais la couleur permet de contrôler la balance des blancs ;
- Le clap : le clap sert à retrouver les séquences très rapidement au montage. Ce "clac" permet de synchroniser l'image et le son lors du montage de films 16 mm ou 35 mm (ce qui ne concerne donc pas le RCCW). En vidéo, le son étant enregistré de façon synchrone sur la même bande, on peut se passer du clap.
Voici l'illustration d'un clap type déjà complété :
· La machinerie :
- Steady ;
- Voyager ;
- Flying (plus rarement) ;
- Une caisse à outils ;
- Des câbles en tout genre.
· Le regroupement des accessoires et la mise en place des décors :
On s’assure enfin de disposer de tous les accessoires, costumes et décors prévus dans le dépouillement.
e) Vérification du matériel :
Il est prudent de vérifier la propreté des objectifs avant chaque journée de tournage, et de dépoussiérer régulièrement le verre grâce à une trousse de nettoyage spécifique.
Avant un événement important ou un tournage long, vérifiez l'état des différentes piles, ou prenez directement des piles neuves.
Les fils rattachés aux caméras doivent être fixés avec du scotch pour qu'ils restent bien immobiles et bien en contact.
Il peut s'avérer prudent de nettoyer les têtes vidéo de la caméra avec une cassette spéciale avant le tournage général d'un film.
Les premières secondes de bande sur une cassette ne sont pas utilisables car le magnétoscope doit se caler. Il est donc conseillé d'enregistrer trente secondes de noir ou de mire au début d'une cassette avant un tournage. Parfois il est nécessaire de « tracker » la cassette (c'est-à-dire d'enregistrer du noir sur toute la durée de la bande) pour la continuité du time code.
Il est par ailleurs conseillé de n'utiliser que des cassettes neuves. Cependant le ruban de celles-ci est parfois mal enroulé ; il faut alors faire avance rapide jusqu'au bout du ruban, puis retour rapide pour le retendre correctement. Les cassettes neuves peuvent aussi contenir quelques poussières qui salissent l'image; il faut alors enregistrer du noir sur toute la bande.
f) Les informations pratiques :
Il est utile de connaître l'heure de lever du soleil et celle du coucher afin d'organiser son tournage et de savoir jusqu'à quand on pourra tourner sans éclairage artificiel. Rappelons qu'un tournage moitié jour moitié nuit est appelé mixte.
De même la météo peut conditionner toute une journée de tournage ; il conviendra d'en prendre connaissance pour le lendemain.
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