FAQ
Dans cet article je vous explique les différences entre le mode entrelacé et progressif.
Cela permettra de répondre à bien des questions que vous vous posez à propos de la vidéo.
J’ai souvent vu dans les forums sur la vidéo, des questions à propos des modes de balayage. « Que dois-je choisir ? Le 1080p ou le 1080i ? » « 50 images par seconde (ips) ou 25 ips ? », « Quelle est la relation entre balayage et fréquence de rafraichissement ? » Etc.
Je trouvais que les explications fournies étaient soit trop vagues, soit trop compliquées à comprendre. Les éléments de réponse se retrouvent aussi un peu éparpillés sur le net.
Ce qui m’interpelle est le fait que certaines personnes disent que le mode entrelacé : c’est du passé ! Mais alors, pourquoi ce mode est-il encore présent dans nos caméras numériques ?
Toutes ces interrogations m’ont amené à faire des recherches et j’ai tenté de regrouper dans cet article, les éléments de réponses de manière la plus structurée possible. Cet article est le premier d’une série qui nous permettrons de choisir le mode d’enregistrement de sa caméra et de répondre à une question que je me suis toujours posé : faut-il utiliser toujours le même mode (par exemple prendre toujours la qualité la plus élevée) ou bien les modes proposés servent-ils à des cas de figures bien particuliers ?
Pour être honnête, les recherches sur le sujet m’ont donné le mal de tête. C’est pourquoi il me tenait à cœur de vous imager les choses au maximum pour que vous puissiez mieux comprendre.
Un élément de réponse nous vient de nos vieilles télévisions
Je vous épargne les détails techniques et des lois de la physique. Pendant longtemps, nos téléviseurs ont été à tubes cathodiques (vous vous rappelez du gros cube présent sur la table basse de votre salon ?). Leur écran est composé d’une surface comportant une multitude de points (pixels), eux-mêmes composés d’un ensemble de 3 points de couleurs (sortes de « sous-pixels »,
Luminophores
Les luminophores): rouge, vert et bleu. Même si à la loupe ces 3 couleurs sont bien distinctes, de loin, elles paraissent se combiner pour former plus de couleurs (jaune, vert, mauve etc…, en fonction du dosage de chaque couleur primaire). Ces ensembles de 3 points sont disposées de manières régulières pour former des lignes horizontales. Les luminophores sont phosphorescents, c’est-à-dire qu’ils « s’allument » après stimulation (en ce qui nous concerne, par un faisceau d’électrons).
Le faisceau balaye l’écran de gauche à droite (en partant du haut de l’écran) puis une fois le dernier point à droite stimulé, c’est la ligne du dessous qui est à son tour stimulée (toujours de gauche à droite). Ce faisceau est déplacé de manière rapide et le phénomène de persistance rétinienne (image gardées en mémoire malgré sa disparition) fait que les pixels s’allumant successivement, passent pour une ligne colorée. Ces lignes successives forment ainsi une image entière.
Et l’Homme créa le balayage entrelacé…
A l’origine de l’apparition de la télévision, il y a le cinéma. La norme d’enregistrement des vidéos au cinéma est de 24 images par seconde. Cette norme a été choisie pour avoir un compromis entre fluidité du mouvement, bonne retransmission du son et économie sur les pellicules. L’image issue du cinéma (à partir de pellicules) est une image « pleine ». Lorsqu’elle est retransmise sur une télévision, on obtient une image progressive, c’est à dire qu’elle est composée de lignes horizontales successives.
Image pleine
Les films retransmis à la télévision le sont à une fréquence de 25 ips (en Europe) pour des raisons techniques (fréquence électrique domestique étant de 50Hz). Cependant, à 25ips, il se produit sur les écrans des télévisions à tubes cathodiques un scintillement dû à un balayage qui n’est pas assez rapide : le temps que les pixels du bas de l’écran soient excités, les pixels du haut commencent à s’éteindre.
Et pour résoudre ce problème il y avait une solution : filmer à une fréquence de 50 images par seconde. Mais qui dit doubler la fréquence des images, dit doubler le volume de données à transmettre (par les ondes hertziennes). Cette solution s’est heurtée à l’époque, à des limites technologiques. Mais les ingénieurs de l’époque ne se sont pas avoué vaincu pour autant, et ont trouvé une solution astucieuse.
Une image est décomposée en deux demi-images : La première comportant les lignes paires, et la deuxième, les lignes impaires. Ces demi-images (2 fois moins de données), on les appelle des trames. Ainsi, au lieu que le balayage se fasse sur des lignes successives, il s’effectue désormais sur une ligne sur deux.
Mais des trames à la place d’images, on ne voit plus grand chose alors ?
Eh bien, grâce au phénomène de persistance rétinienne, 2 trames d’une image (à l’origine pleine) affichées successivement donnent l’impression à votre cerveau qu’il s’agit d’une image pleine unique. Ce sont des trames entrelacées.
Trames 1 et 2
La vitesse de balayage est ainsi multipliée par 2 et il n’y a plus d’effets de scintillement car on est passé d’une fréquence de 25ips (images progressives) à une fréquence de 50ips (trames entrelacées) sans avoir besoin de doubler le flux de données.
En bref :
Le mode progressif produit des images « pleines » comme au cinéma. Les images progressives sont composées de toutes les lignes horizontales constituant l’image d’origine.
Le mode entrelacé produit des trames. C’est-à-dire des demi-images composées d’1 ligne horizontale sur 2. Ce mode permet de supprimer le scintillement présent lors du visionnage d’images progressives sur des écrans à tubes cathodiques.
De cette nécessité d’avoir des images entrelacées, sont apparues des caméras enregistrant directement des trames. Mais depuis l’apparition des écrans plats (écrans d’ordinateur par exemple) et de techniques d’affichages différents de ceux utilisés dans les téléviseurs à tubes cathodiques, les images entrelacées affichées montrent des artefacts inesthétiques. Nous les verrons dans un prochain article.
Cet article est extrait du site Montage Vidéo facile de Kenan Chenai (2015)
Site aujourd’hui fermé (2017).