Les effets des transitions

Les effets de transition

Références

Extraits de « réaliser ses films plan par plan » de Steven D. Katz

« Choisir et gérer ses transitions » de Sébastien François

                                                                          Camera Vidéo  MultiMedia  (février 2009)

Trop souvent utilisées sans la moindre réflexion, les transitions soulignent dans bien des cas les plus grossières erreurs de montage. Pourtant, contrairement aux effets, elles sont simples d’accès et peuvent vraiment donner un rythme et un sens à une séquence particulière. Elles règlent aussi de nombreux problèmes.

Lors de séances club, combien de fois ai-je entendu que des transitions se résumaient à des « Cuts »

Bien ajustés ou à des fondus enchaînés à n’utiliser que pour des transitions dans le temps ou l’espace ? Combien de montages de films m’ont été difficiles lorsqu’il s’agissait de choisir l’effet de transition approprié ?

Je vous invite  à partager ces quelques conseils  qui,  j’espère, vous aideront aussi à faire le bon choix dans vos prochains montages.

Les liens entre les plans sont aussi importants que les plans eux-mêmes. Ils indiquent en général des changements de temps et de lieu. Aujourd’hui, tous les types d’enchaînement sont utilisés, notamment dans les films de « une minute »,  les chansons filmées et la publicité.

Il existe en tout cinq effets de transition pour raccorder deux plans :

La coupe franche (ou Cut)

Le fondu enchaîné

Le rideau

Le fondu et ouverture en noir

Le fondu et ouverture au blanc (ou à n’importe quelle autre couleur.

Dans cette première partie, les deux premiers effets sont détaillés.

La coupe franche

Selon les habitudes et conventions, le fondu indique un écoulement de temps alors que la coupe franche définit un changement de plan dans le temps présent. Cela s’appliquait aux films des années 1930-40, mais depuis, les conventions ont changé et il y a aujourd’hui de nombreuses exceptions à cette règle. La coupe franche est désormais utilisée pour raccorder des périodes de temps différents.

Exemple : la télévision, en popularisant des techniques qui accélèrent le passage du temps, a fait de la coupe franche un effet de liaison incontournable. Cette technique permet de condenser plusieurs heures en une séquence de quelques secondes. Pour séquencer l’assemblage d’un équipement en quelques secondes, il faut choisir les étapes critiques et les pièces principales de la séquence « habillage ».La séquence peut être commentée par « l’habilleur » même. On choisit les dialogues clés commentant les étapes ou les pièces maîtresses du puzzle. Ces plans sont de très courtes durées (parfois en photos gros plan) et avec des angles de prise de vue très prononcés qui marquent des interruptions de continuités temporelles. Il en résulte une séquence au rythme soutenu et saccadé, mais harmonieuse. L’utilisation de l’accéléré peut être aussi une alternative pour démontrer l’évolution dans le temps. Dans cet exercice de montage, les plans de coupe (*) aident à éviter les « sauts d’images ».

(*)Plan de coupe : plan bref monté entre deux plans dont le raccord est difficile. Il permet de transgresser la règle des 180° sans créer de confusion  pour le spectateur.

Le fondu enchaîné

Il permet de faire la liaison entre des lieux et des espaces totalement disparates, sans souci de logique. Alors que le découpage classique tente de rendre invisible le passage d’un  plan à un autre, le fondu enchaîné est conçu pour être remarqué ou du moins ressenti par le spectateur. Sa durée n’est pas limitée : entre une demi-seconde et une minute.

Déterminer la bonne durée est la question la plus élémentaire que l’on doit renseigner dès lors que l’on « pose » une transition sur une piste. La majorité des logiciels sont réglés par défaut sur une longueur qui correspond à une seconde (25 images). Cette durée ne correspond en fait que rarement aux besoins réels. La norme et la perception du spectateur veulent que pour enchaîner deux plans de manière basique (en fondu enchaîné), la durée soit de l’ordre de la demi-seconde, soit 12 images.

En dessous d’une seconde une transition n’est qu’un élément annexe (discret donc), ne primant pas sur les plans ; alors qu’au-dessus, elle devient un élément « communiquant ».

Le fondu enchaîné le plus court s’étend sur une à 10 images. Cette technique est utilisée quand une transition mais invisible est nécessaire, comme dans les plans d’interviews dont les commentaires doivent être raccourcis dans le but de corrections ou de rationalisation de discours. Un fondu enchaîné long serait trop visible, tandis qu’une coupure nette serait trop saccadée.

Le passage au flou

Avec cette technique, la fin d’un plan passe au flou puis est fondue avec le plan suivant qui débute par un flou et redevient progressivement net. Cet effet est souvent utilisé en plan subjectif pour indiquer la perte de conscience du personnage, par exemple pour les scènes d’opération d’hôpital. Le passage dans un rêve serait aussi une autre bonne application.

Le raccord de forme

Il s’agit de passer d’un plan à l’autre en faisant correspondre des éléments de même forme.

Ils sont filmés pour qu’ils aient la même taille et le même emplacement dans le cadre pour les deux plans.

EN PRATIQUE…

Animer  les interviews.

Dans l’organisation des interviews, la prise de rendez-vous, le lieu et le décor sont des critères primordiaux ; ils ne sont pas les uniques étapes pour réussir un enregistrement ; surtout si le scénario en comporte plusieurs avec différents figurants et traitant des sujets variés. Dans mes films documentaires culturels et historiques, j’ai eu l’opportunité d’expérimenter, à la réalisation et au montage, certains exercices d’interviews avec plus ou moins de succès : « hommage à Maurice Carême », « Raid sur la gare d’Ottignies », « deux mariages et un parachute », « implacables oublis »).

 Le premier challenge est de maîtriser la gestion des interviews dans cette catégorie de films et de les intégrer dans le sujet historique commenté. La transition est complémentaire, parfois inaperçue entre les témoignages et la voix off. En un mot, le spectateur est tellement absorbé par le fond qu’il ne distingue plus les deux voix mais il est seulement concentré sur ce qui est raconté.

Le second défi est aussi d’éviter l’effet « diapositives » en insérant des photos sur les commentaires de l’interviewé ; le spectateur risque soit de ne pas écouter le témoin ou de ne pas visionner les photos. Introduire l’interview par une photo commentée sans voir le figurant peut être un moyen d’éveiller l’attention du spectateur ; un ton plus expressif et plus haut peut aussi « réveiller » le spectateur comme transition vers un autre thème.

Le troisième défi est le contenu de l’interview : le figurant qui se présente, son âge, son lieu d’habitation, ce sont des références utiles dans le casting mais ce ne sont pas les attentes du spectateur ; les questions préparées sont orientées suivant le profil, l’histoire, des rumeurs transmises lors de recherches avant la rencontre (livres, voisins, amis etc.). Possédant ces données, il faut laisser parler l’interviewé, découvrir son naturel, ses anecdotes. A l’enregistrement, la durée de l’interview n’est point limitée. Il doit surtout  répondre aux critères fixés dans une liste lors de la préparation. L’interview est préférablement réalisé par minimum deux technicien : l’un pour la prise de vue et de son (très important !) ; un deuxième pour les questions et la check liste.

Le quatrième défi est de « derusher » plusieurs fois l’enregistrement et d’analyser son contenu (par écrit) en valorisant les passages qui seront « découpés » et assembler au montage. Chaque  interview est une histoire  scénarisée.

   Le rideau

Le rideau consiste à faire glisser une image par-dessus une autre, dans un mouvement qui rappelle celui d’un rideau que l’on tire. Les rideaux peuvent se déplacer dans n’importe quelle direction au travers de l’image: verticalement, horizontalement ou en biais. Tout type de forme (cercle, carré spirale…) peut être utilisé pour faire apparaître le nouveau plan. Une variation du rideau, « le chassé » consiste non pas à passer par-dessus mais à « pousser » hors de l’écran le plan précédent par le nouveau plan. Le déplacement d’un élément dans le plan peut être également utilisé comme rideau: un arbre qui tombe, des portes d’ascenseur qui s’ouvrent, des gens qui courent…Ce type de transition est surtout utilisé dans les dessins animés, où un personnage tire le plan suivant au travers de l’écran, ou dans les publicités.

Le volet

C’est un effet qui se situe entre le rideau et le raccord  de forme, et qui se prépare au tournage pour être finalisé au montage. Le volet raccorde deux plans dans une séquence, contrairement au rideau qui lie deux séquences. Le volet est utilisé pour passer d’un plan large à un  plan rapproché ou un gros plan, ce qui donne une transition plus douce qu’un Cut dans l’action. Pour obtenir cet effet, un élément passe entre la caméra et le sujet principal de l’action et bouche le cadre. La même action est filmée deux fois avec les mouvements et des angles de prise de vues identiques, mais avec une valeur de plan différente. Au montage, le raccord entre ces deux plans se fait dans les parties de chaque plan où le sujet est invisible.

La transformation

Dans certains cas, la transformation du sujet est considérée comme une transition. La transformation dirige l’attention du spectateur sur l’effet lui-même, allant ainsi à l’encontre du découpage classique. Ce type d’effet est utilisé dans la publicité et les films de science-fiction.

Le fondu et l’ouverture au noir

Le fondu au noir  et l’ouverture au noir établissent des épisodes dans le récit, comme s’il s’agissait des  chapitres d’un livre. Le but du fondu au noir est donc l’inverse de celui du fondu enchaîné et du Cut. Là où les deux derniers cherchent à connecter des séquences, le fondu au noir permet de les détacher. Ce passage graduel d’une image vers le noir, puis à une nouvelle image, donne une orientation nouvelle au récit, même si la pause est de courte durée. Pour exécuter un fondu au noir, le réalisateur peut utiliser des éléments de la scène, comme l’extinction d’une lampe ou un coucher de soleil.

Le fondu et l’ouverture au blanc (ou à une autre couleur)

Ces fondus de fermeture et d’ouverture peuvent être réalisés avec n’importe quelle autre couleur ou avec du blanc. En général, il est utilisé pour une fin de film; il suffirait d’une ouverture au blanc pour raccorder une nouvelle scène. Le fondu au blanc offre une certaine légèreté, même si aucune convention ne lui associe de signification spéciale.

Autres effets

L’arrêt sur image

Cet effet diffère des autres car il est utilisé en tant que durée plutôt que pour lier deux séquences. L’arrêt sur image est devenu l’effet de référence pour illustrer le plan subjectif du photographe qui prend une photo. Au cours de l’action, le spectateur voit un éclair blanc et entend le bruit de l’obturateur pendant que l’image se fige quelques instants.

Le montage

Aux Etats-Unis et UK, il désigne une courte séquence de plans, liés en général par des fondus enchaînés, pour illustrer le temps qui passe ou pour montrer une série de lieux. Le montage est un condensé de la narration plus qu’un effet de liaison. une forme de raccourci visuel qui utilise de rapides fondus enchaînés ou fondus au noir pour lier des idées entre elles. Le montage utilise souvent des images symboliques: des piles de pièces et billets qui s’ »accumulent, fondues avec des images de la bourse, pour monter l’essor financier d’un personnage.

Les effets de multi-images

Le multi-image n’est pas une transition, même s’il met en relation des images qui devraient faire l’objet de plans séparés. Très utilisée en Télévision durant les débats en montrant  simultanément les protagonistes. En sport, pour dynamiser des séquences.


Date de création : 02/06/2019 @ 17:30
Catégorie : - Les transitions
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