Le fondu enchaîné
Le fondu enchaîné
Il permet de faire la liaison entre des lieux et des espaces totalement disparates, sans souci de logique. Alors que le découpage classique tente de rendre invisible le passage d’un plan à un autre, le fondu enchaîné est conçu pour être remarqué ou du moins ressenti par le spectateur. Sa durée n’est pas limitée : entre une demi-seconde et une minute.
Déterminer la bonne durée est la question la plus élémentaire que l’on doit renseigner dès lors que l’on « pose » une transition sur une piste. La majorité des logiciels sont réglés par défaut sur une longueur qui correspond à une seconde (25 images). Cette durée ne correspond en fait que rarement aux besoins réels. La norme et la perception du spectateur veulent que pour enchaîner deux plans de manière basique (en fondu enchaîné), la durée soit de l’ordre de la demi-seconde, soit 12 images.
En dessous d’une seconde une transition n’est qu’un élément annexe (discret donc), ne primant pas sur les plans ; alors qu’au-dessus, elle devient un élément « communiquant ».
Le fondu enchaîné le plus court s’étend sur une à 10 images. Cette technique est utilisée quand une transition mais invisible est nécessaire, comme dans les plans d’interviews dont les commentaires doivent être raccourcis dans le but de corrections ou de rationalisation de discours. Un fondu enchaîné long serait trop visible, tandis qu’une coupure nette serait trop saccadée.
Le passage au flou
Avec cette technique, la fin d’un plan passe au flou puis est fondue avec le plan suivant qui débute par un flou et redevient progressivement net. Cet effet est souvent utilisé en plan subjectif pour indiquer la perte de conscience du personnage, par exemple pour les scènes d’opération d’hôpital. Le passage dans un rêve serait aussi une autre bonne application.
Le raccord de forme
Il s’agit de passer d’un plan à l’autre en faisant correspondre des éléments de même forme.
Ils sont filmés pour qu’ils aient la même taille et le même emplacement dans le cadre pour les deux plans.
EN PRATIQUE
Animer les interviews.
Dans l’organisation des interviews, la prise de rendez-vous, le lieu et le décor sont des critères primordiaux ; ils ne sont pas les uniques étapes pour réussir un enregistrement ; surtout si le scénario en comporte plusieurs avec différents figurants et traitant des sujets variés. Dans mes films documentaires culturels et historiques, j’ai eu l’opportunité d’expérimenter, à la réalisation et au montage, certains exercices d’interviews avec plus ou moins de succès : « hommage à Maurice Carême », « Raid sur la gare d’Ottignies », « deux mariages et un parachute », « implacables oublis »).
Le premier challenge est de maîtriser la gestion des interviews dans cette catégorie de films et de les intégrer dans le sujet historique commenté. La transition est complémentaire, parfois inaperçue entre les témoignages et la voix off. En un mot, le spectateur est tellement absorbé par le fond qu’il ne distingue plus les deux voix mais il est seulement concentré sur ce qui est raconté.
Le second défi est aussi d’éviter l’effet « diapositives » en insérant des photos sur les commentaires de l’interviewé ; le spectateur risque soit de ne pas écouter le témoin ou de ne pas visionner les photos. Introduire l’interview par une photo commentée sans voir le figurant peut être un moyen d’éveiller l’attention du spectateur ; un ton plus expressif et plus haut peut aussi « réveiller » le spectateur comme transition vers un autre thème.
Le troisième défi est le contenu de l’interview : le figurant qui se présente, son âge, son lieu d’habitation, ce sont des références utiles dans le casting mais ce ne sont pas les attentes du spectateur ; les questions préparées sont orientées suivant le profil, l’histoire, des rumeurs transmises lors de recherches avant la rencontre (livres, voisins, amis etc.). Possédant ces données, il faut laisser parler l’interviewé, découvrir son naturel, ses anecdotes. A l’enregistrement, la durée de l’interview n’est point limitée. Il doit surtout répondre aux critères fixés dans une liste lors de la préparation. L’interview est préférablement réalisé par minimum deux technicien : l’un pour la prise de vue et de son (très important !) ; un deuxième pour les questions et la check liste.
Le quatrième défi est de « derusher » plusieurs fois l’enregistrement et d’analyser son contenu (par écrit) en valorisant les passages qui seront « découpés » et assembler au montage. Chaque interview est une histoire scénarisée.